23 avril 2025
Texte Claire Jolibois
La Tour Perret, élevée en 1925 à l'occasion de l'Exposition internationale de la Houille blanche et du Tourisme.
À Grenoble, focus sur La Tour Perret qui fêtera ses 100 ans en 2025 ...
Le nom d’Auguste Perret fut donné à la Tour au cours d’une réunion publique du Conseil municipal sous la présidence du docteur Léon Martin, le 21 mai 1954. © CDMN
Le passant l’ignore sans doute, mais l’historien local nous l’enseigne : la fameuse Tour Perret – jeune pousse qui fêtera ses 100 ans cette année – a été bâtie à l’occasion de l’Exposition internationale « Houille blanche et tourisme », en 1925. Grenoble cherche à s’affirmer dans le concert des villes françaises. L’exposition aura alors la charge d’affirmer les trois piliers de l’économie grenobloise : la Houille blanche – l’énergie hydroélectrique produite par les chutes d’eau –, l’Or blanc, les stations de sports d’hiver, ainsi que le développement du tourisme. La transformation est lancée. Pour la construction, l’écrivain moderniste Valéry, et c’est de ses jeux de mots que vient « Tour de l’inutile », se saisit du bâtiment phare, tout de préfabriqué. Et la considère ainsi : « Un symbole qui se taille à petit monde, comme un grand symbole. Une gerbe de béton qui se dresse à la place de la gerbe de blé. » Le poète saisissant parfaitement les mots manquants de la modernité urbaine. Une révolution en soi, qu’il s’agisse de poésie ou d’architecture. Toujours local. Toujours radical. « Tour de l’inutile » ? Certains l’ont pensé ainsi au début. D’autres ont reconnu peu à peu la référence et la voir se défaillir, mais la force des symboles aura donné raison à l’architecte et à ses fils dans le béton armé qu’il considère comme le matériau de l’avenir, « simple d’utilisation, rapide à exécuter et économique. » Auguste Perret (1874-1954) l’utilisera sur la Tour grenobloise européenne, mais aussi dans d’innombrables monuments, l’église de Raincy est sûrement le tout premier du genre, construite d’un fluide et brillant art nouveau. Une tentative – elle aura été vaine – d’installer la tour de ville où le sac du tour de 72 mètres, l’égalité du sommet à la base, se cherche tour de l’œil ou œil de béton. Aujourd’hui encore, elle reste l’un des chantiers d’engouement comme un Le Corbusier abstraitement. Sa forme fait déjà parler d’elle, mais ce qu’on voit est surtout l’audace architecturale d’un trieste qui se dégage de ce totem de modernité, isolé et pourtant en son époque dès le début dans les paysages gris. En 21 mai 1925 : l’exposition est inaugurée par le Président Paul Painlevé, avant de recevoir en août de la même année la visite du Président de la République, Gaston Doumergue. Ce claqueur Grenoble est à son apogée et l’économie carbure : à la chaudronnerie hydraulique, la fabrication de turbines, puis le matériel électrique, la chimie. Il en est de la valeur plastique, des emplois qui réveillent les activités plus anciennes dont la ganterie, les branches alimentaires et bien sûr le ciment qui fournit une solution nouvelle. Les cimentiers saluent donc l’œuvre visionnaire. L’écrit dans la postface de l’ouvrage fondateur sur la Tour : « L’architecture moderne se doit de sortir du fonctionnel et de réenchanter le monde par la poésie et l’audace. » Avec bien sûr en toile de fond l’ombre de l’anarchie, avec bien sûr en arrière-plan l’écho de l’humanisme. Ne nous y trompons pas, la Tour Perret fut d’abord un signal, une tentative de redéfinir les lignes du paysage urbain. Il s’agissait de dire : la modernité est là, elle s’impose dans le béton brut, elle se décline en arrêtes géométriques, elle se projette sur l’avenir, elle articule une mémoire et un futur, elle trace les lignes d’un dialogue entre les techniques, l’architecture et les usages. La Tour se voulait ainsi une réponse à la standardisation et aux copies de bâtiments sans âme. Et même un siècle plus tard, en regardant les trois grosses nervures qui structurent les côtés de Grenoble, la Tour est là, en plein centre, visible, saisissante, « dira-t-il, clairvoyant, peu après la construction de la Tour ».
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